7. Quelle nouille, cette grenouille

Approchez, les enfants, approchez, je vais aujourd’hui vous raconter une fable. Allez, on se grou… dépêche, parce que tata Sarah n’a pas toute la journée, déjà que son travail accuse un léger retard avec l’écriture du blog. Comment ça, c’est quoi un blog ? Pose la question à ta mère, petit malin, et t’en profiteras pour lui demander pourquoi elle a choisi de te faire roux. Voilà. Faites-moi un beau cercle, maintenant. Mouais, ça suffira pour cette fois.

Comme je disais, aujourd’hui, je vais vous raconter la fable de la grenouille. Pourquoi ? Parce que je me suis comportée hier comme une nouille. Ha ha ! Oui, Julie ? Pardon, Marie ? Ça rime, grenouille et nouille ? Mais c’est super !

C’est donc l’histoire d’une grenouille, une jolie petite grenouille verte, capturée par un cuisinier. Oui, Tiago ? Pardon, Téo ? Qu’est-ce qu’il compte en faire, de la grenouille ? Ben la manger, tiens ! C’est un cuisinier, tu te souviens ? Arrêtez de m’interrompre parce qu’on va jamais s’en sortir, sinon.

Le cuisinier dispose de plusieurs méthodes pour cuire son butin. Il commence par jeter la grenouille directement dans l’eau bouillante, mais cette petite maline bondit hors de la casserole avant même de s’être brûlée. Le simple contact avec la vapeur suffocante suffit à lui insuffler un sentiment de danger.

  • Objection ! La consommation de grenouilles est une pratique cruelle et barbare ! Quel exemple donnons-nous à ces enfants innocents ?
  • Mais c’est une fable, Sarah-Militante ! Une métaphore, quoi ! Et puis innocents, c’est vite dit, t’as vu leur tronche ?
  • Il n’empêche que le monde se porterait bien mieux sans souffrance animale. J’exige réparation !

Bon, les enfants, avant d’aller plus loin, il faut que je vous précise que ce n’est qu’une histoire, vous comprenez ? Dans la vraie vie, c’est très méchant de manger des grenouilles. Je ne l’ai jamais fait, et vous ne le ferez jamais non plus, d’accord ? En plus il paraît que c’est dégueulasse, niveau consistance. Oui, Alan ? Pardon, Nolan ? Ta maman adore ça avec une sauce à l’ail ? Eh bien tu lui diras ce soir qu’elle est cruelle et dégueulasse. Voilà.

Notre cher cuisinier, donc, commence à avoir bien faim, et décide de changer de stratégie. Il plonge cette fois délicatement la grenouille dans une casserole d’eau froide, pour qu’elle se sente à l’aise, et règle la plaque de cuisson au minimum. La température de l’eau monte lentement, très lentement, à tel point que la grenouille s’habitue à chaque degré supplémentaire sans même le réaliser. Au bout d’une heure, elle est cuite à point. Oui, Léa ? Pardon, Cléa ? Dis donc c’est gratiné, comme prénom. Quelle est ta question ? Est-ce que ça veut dire que la grenouille est morte ? Heu, ben, c’est-à-dire que, non mais ça n’est pas vraiment le sujet, en fait, on s’en fiche !

Dites-moi plutôt quelle est la morale de cette histoire, les enfants. Personne ne lève la main ? Mais réfléchissez, bon sang ! Cela signifie qu’on s’habitue avec une dangereuse facilité à une petite prise de risque, et que cela peut nous conduire à l’adoption de comportements extrêmes ! Notre définition du “bien”, de ce qui est “acceptable” ou non, change au fur et à mesure de nos actions.

C’est un peu comme si une personne, et je précise qu’il s’agit d’un exemple imaginaire, a envie de faire une grosse bêtise. Elle ne va pas la faire comme ça, d’un coup, ce serait trop dangereux et ma consc… enfin SA conscience, à mon exemple imaginaire, l’en empêcherait. Mais si elle commence d’abord par en faire de toutes petites, de bêtises, de fil en aiguille, elle pourrait se retrouver à commettre l’irréparable dans une chambre d’hôtel. Vous voyez ? Toujours pas ? Vous êtes sûr que vous allez bien à l’école ? Parce que franchement, vous me paraissez un peu mou du cerv…

  • Sarah, on devrait peut-être s’arrêter là ? La situation dérape une nouvelle fois…
  • Mais pas du tout, Sarah-Prudente ! C’est ma faute, à moi, si ces gamins ne pigent rien à rien ?
  • Ils sont beaucoup trop jeunes pour saisir le sens caché de ton histoire à deux sous.
  • Quel sens caché ? C’est une fable pour leur apprendre à se méfier du goût du risque.
  • C’est une parabole moisie sur le dilemme moral de tes petits jeux avec Marc !
  • Pas du tout, ça n’a absolument rien à v…
  • Et qu’est-ce que c’est que ce choix bizarre d’inviter des enfants pour traiter d’un sujet pareil ? T’as pété un boulon ? Tu veux enchaîner sur les dangers des MST, histoire qu’ils fassent des cauchemars ?
  • Ça va, ça va, j’ai compris.

Bon, les enfants, je dois vous laisser, parce que le nombre de mails non lus dans ma boîte de réception atteint des sommets historiques. Et quelqu’un vient de m’écrire sur la messagerie interne pour me proposer une petite pause café. 🐸

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